Le printemps, propice aux rapprochements des corps, vit mon premier vrai baiser. Pas le bisou chaste sur la joue, mais le vrai baiser, le french kiss, sur les lèvres, avec la langue. Premier pas dans un monde sinon sexuel, du moins sensuel.
Le cadre n’avait rien de romantique, une allée de terre noire, de platanes, de buissons mal taillés. Une allée au fond de la cour du lycée. Lieu peu romantique donc, mais terriblement excitant de par son nom: L’allée interdite. Lieu plus ou moins à l’abri des regards où se réfugiaient les couples pour avoir un minimum d’intimité, et se bécoter tranquilles.
Tout naturellement c’est là que E. et moi nous sommes retrouvés pour notre premier baiser. Pour mon premier baiser. Nous avons traversé cette grande cour goudronnée, sans oser nous tenir pas la main. Nos doigts ne faisaient que s’effleurer, se frôler.
Enfin à l’abri des regards, planques derrière les buissons mal taillés de cette allée dite interdite, je lui ai pris la main. Des papillons ont commencé à s’agiter au creux de mon ventre. Des picotements se sont fait sentir au bout de mes doigts. Nous nous sommes rapprochés. Doucement. La distance qui nous séparait, qui séparait nos lèvres me semblait infranchissable. Infinie. Pourtant, elle semblait trop courte tant de questions venaient assaillir mon esprit a cet instant. Comment tourner la langue ? Dans quel sens ? Et la salive ? Faut-il aspirer, laisser couler ?
Les lèvres de E. ont touché les miennes. Tous les papillons qui tournaient au fond de mon ventre se sont envolés, traversant mon corps. Les picotements se sont transformés en frisson de plaisir.
Nos lèvres collées les unes aux autres, sentant E. contre moi,toutes les questions qui me perturbaient, m’angoissaient une seconde plus tôt se sont effaces. Plus d’interrogation. Tout devenait naturel. Quasi innée. Ma langue s’est faufilée entre les lèvres de E., s’est enroulée sur la sienne. Plus de questions. Du plaisir. Des sensations. De la sensualité.
Nous sommes restés colles l’un a l’autre, dans cet endroit si peu romantique, tellement romantique, jusqu’à ce que la sonnerie nous rappelle, nous ramène a la réalité. Nous avons retraversé la cour, nos doigts toujours se frôlant, s’effleurant. Dans la bouche, sur ma langue, le goût de E. Le goût de mon premier baiser. Premier vrai baiser