Troubles (épisode 3)

Après notre première fois, Émilie et moi sommes allés marcher le long d’une plage semblable. Nous avons plongé dans les vagues. Nous sommes embrassés devant les autres estivants, les autres vacanciers. Sa peau ruisselait d’eau de mer. Nous avons marché longtemps, jusqu’à trouver un coin isolé. Nous n’avions rien prémédité. Ne rien planifier. Elle s’est allongée sur le sable blanc. M’a attiré vers elle. Elle a glissé ses doigts sous mon maillot. A ri en sentant mon érection. A ôte son bikini. Et nous avons de nouveau fait l’amour. Sur la plage. Nos lèvres avaient le goût du sel. Nos peaux humides glissaient l’une sur l’autre. Quand je l’ai prise, à nouveau, son sexe gardait encore des traces de notre première fois. Nous avons couru nus vers l’océan. Laissant sur le sable des gouttes de sperme que la marée effacerait. Nous avons sauté dans les rouleaux. Sans nous lâcher. Sans pouvoir nous séparer.

La mer est forte. La plage est vide. Seul un couple des plus charmant marche sans se soucier du froid. Je ne peux les quitter des yeux. Je ne peux la quitter des yeux. Ils ne me voient pas. Ils s’éloignent. Je rentre. Isabelle est toujours en cuisine. Éric devant son ordinateur. N’allume la cheminée. Reste à me réchauffer devant le feu naissant. Juliette et Frederic rentrent. Le bout de son nez est rouge de froid. Ses joues ont pris la même couleur. Je me réfugie dans ma chambre pour ne pas me jeter sur elle. La prendre dans mes bras pour la réchauffer.

Dans son lit, sous les draps, sous la couette, elle m’invite à la rejoindre. À la réchauffer de mon corps. Sa peau est douce. Froide, mais douce. Mes mains glissent sur elle. Je la vois à travers mes doigts. Découvrent ses courbes. Sa perfection. Elle sent la cannelle et le miel. Elle sent la jeunesse. À son tour ses doigts viennent me découvrir. Mon corps sans être vieux, porte déjà des traces du temps. Un peu de ventre. Quelques cicatrices. Je lui dis que j’ai honte. Que je suis trop vieux pour elle. Non dit-elle. Douze ans d’écart ce n’est rien. Elle se colle à moi. Elle s’assoit sur moi. Elle s’empale sur moi. Son sexe est doux et ferme. Humide et chaud. Confortable. Réconfortant. Elle me fait l’amour avec la fouge de ses vingt ans. Les draps tombent sur le sol. Elle trône fièrement sur ma queue. Ses seins ballotent au rythme de ses va-et-vient. Elle hurle de plaisir. Je lèche les gouttes de transpirations qui coulent sur sa poitrine…

Éric frappe à ma porte. Je ferme mon portable. Le repas est prêt. Nous nous installons autour de la table. Seul célibataire, j’ai conscience de faire tache. Même en famille. Se rendent-ils compte de mes émois ? De mes regards insistants sur la belle Juliette. Voient-ils qu’elle éveille en moi des désirs inavouables ? Réveillant des souvenirs de jeunesse. Réveillant mon corps endormit par le froid hivernal, et la solitude.

Tout le monde s’en va faire une promenade après le déjeuner. Je ne me joins pas à eux prétextant un travail urgent à terminer. Je m’enferme dans ma chambre, parcours le net à la recherche d’images pornographique afin d’éteindre le feu qui brule mon bas ventre. Je me masturbe comme un adolescent. Comme à l’époque, ou dans ma chambre d’enfant, penche au-dessus d’un playboy, d’un penthouse, le soir venu, je m’astiquais et éjaculais sur le papier glace de ces magazines de charme. De cul.

M’étant vide les couilles, je me remets à travailler. Autant profiter du calme pour être un peu productif. J’avance assez vite sur cette traduction d’un article de médecine. En dépit de certains termes techniques pointus, j’arrive à boucler mon boulot avant le retour des promeneurs. Au lieu de fermer mon ordinateur, de prendre un livre et de m’installer au coin de la cheminée avec une tasse de thé, j’ouvre la page que j’ai rédigée plus tôt dans la journée. Je suis étonné de ces mots. Jamais, même du temps de ma jeunesse, je n’avais écrit de textes érotiques. Je ne peux dire si c’est un bon texte. En tout cas, ces quelques lignes me font revenir vers Juliette, et par ricochet vers Émilie.

à suivre…


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