Juste un doigt

Juste un doigt

Avant elle j’étais sage. Ma vie sexuelle n’avait rien de bien exotique. Je ne parle pas des années de disette ou ma seule compagne de solitude était ma main droite, voire dans les grandes occasions la gauche. À l’époque où j’étais en couple les rapports étaient peu fréquents. Et bien monotones. Pas question de s’aventurer dans des positions exotiques. Pas question de plaisirs buccaux. Ni pour elle, ni pour moi. C’était sale disait-elle. Vous devinez que la sodomie n’était même pas dans son vocabulaire.

Depuis j’ai rattrapé mon retard. Au-delà de ce que je pouvais imaginer. Au-delà de ce que je pensais pouvoir aller en la matière. Non pas que je découvrais, enfin, a plus de trente ans le goût du sexe féminin. Goût sans nul autre pareil. Goût qui me rendit accroc. Goût dont je ne peux me passer. Chaque occasion de plonger ma langue dans les plis et replis de son sexe est un bonheur. L’idée seule m’excite.

Non pas qu’enfin je pus jouir dans la bouche d’une femme. Femme gourmande. Qui ne regarde pas mon pénis comme un appendice dégoûtant. Qui l’aime. Le touche. Le lèche. L’avaler. Le caresse de toutes les façons possibles. Le plaisir de ses lèvres sur mon gland, sur ma queue. Sa langue l’entourant. L’enveloppant goulument.

Il n’est pas non plus question de position nouvelle. Ni même de sodomie. Pratique rare encore.

Cette découverte est un abandon. Une idée. Une envie qui s’est faite. Petit à petit. Au fur et à mesure que notre couple de construisait. Que nous apprivoisions nos corps, nos désirs, notre plaisir. Que, l’un comme l’autre, nous réapprenions, apprenions, ce que c’est qu’aimer, faire l’amour. Que nous abandonnions peu à peu nos tabous, nos inhibitions. Que nous acceptions de nous abandonner l’un à l’autre.

Alors que pour la première fois je m’accomplissais pleinement dans une relation sexuelle. Que je découvrais une âme sœur, partageant mes envies, mes désirs, mes fantasmes, mes excès. Une idée se fit. Qui me fit peur au début. L’envie d’explorer une autre voie pour mon plaisir. Une autre façon de jouir.

Un soir. Un peu alcoolisé. Trop alcoolisé pour que les barrières de la peur résistent alors qu’elle me prenait dans sa bouche, je lui ai demandé de me glisser un doigt dans l’anus. Je n’en revenais pas de m’entendre à haute voix lui dire cela. J’y pensais depuis des semaines. J’en avais envie depuis des semaines, mais jamais encore je n’avais réussi à l’énoncer.

Elle me regarda, un grand sourire se dessina sur ses lèvres, dans ses yeux. Elle m’oint l’anus de lubrifiant, puis, avec douceur, précaution, introduit un doigt en moi. Je frémis sous son intrusion. Une légère douleur. Suivi d’une délicieuse sensation. Alors qu’elle continuait à me sucer, son doigt m’explorait. Me branlait le cul, si je puis m’exprimer ainsi.

Le plaisir monta en moi d’une façon que je n’aurais jamais pu imaginer. Par vagues, de plus en plus fortes, il me submergea. Me transperça. Une jouissance nouvelle. Intense. Sans éjaculation. Un orgasme inédit. Emplissant tout mon corps. Le couvrant de frissons. Un orgasme absolu. Surtout au contraire de ceux que je connaissais, un orgasme que ne s’éteins pas.

Une fois la première vague passée, une autre déferla. Mon sexe toujours dans sa bouche. Son doigt toujours en moi je jouis à nouveau. Avec la même intensité. Puis un autre encore plus fort. Je devenais fou de plaisir. Mon corps tout entier vibrait de bonheur. Il n’en pouvait plus de jouissance. Et en redemandait.

Même après l’avoir prise sauvagement. Avec une intensité, une frénésie que je n’avais pas connu, même dans les premiers temps, quand nos corps ne pouvaient pas vivre séparés, que nous ne pouvions pas arrêter nos étreintes. Même après avoir éjaculé en elle. Sur elle, je n’arrivais pas à me calmer. Je tournais dans la chambre. Dans l’appartement comme un lion en cage.

Je venais d’entrer dans un autre monde. Un autre univers de jouissance. Nous l’explorons ensemble. Nous l’apprivoisons ensemble. Et, peu à peu, en douceur, chacun a l’écoute de l’autre, nous en repoussons les limites.


5 Commentaires sur Juste un doigt

  1. Une complicité émouvante, un abandon enviable…
    Votre texte m’émeut.

    • Arnaud

      Merci pour le compliment.
      Je ne savais pas comment parler de cette expérience, ça fait plaisir de voir que l’on a trouver les mots justes.

  2. Très troublant, je trouve. Et même, des papillons dans le ventre à la lecture, associant ces mots à mes propres souvenirs, mes découvertes somme toutes assez récentes…
    Expérience forte, très complice, vécue avec un seul homme.

    Côté féminin, une sensation de domination, de pouvoir, à savoir maitriser le plaisir de l’homme, le rendre fou, et le plaisir vient aussi du fait que la femme pénètre l’homme, il s’abandonne. Moi, ça me transporte.

    Merci pour ce billet, qui me donne d’autres ressentis, côté masculin. Un orgasme inédit, donc… :)

  3. Une bien belle complicité, un joli plaisir qui vous comble et qui je pense la satisfait également. ;)

    (Jolie découverte qu’est votre blog, j’aime…)

  4. Elunatik

    J’ai fait découvrir de moi-même et avec beaucoup de douceur ce plaisir anal à mon compagnon, qui depuis adore cela également. Comme quoi avec douceur et confiance on peut tout faire! :)

    Très beau partage, merci!

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