The Morning after

The Morning after

Je suis désolée d’être partie comme une voleuse. Je ne voulais pas vous réveiller. Vous dormiez si bien, d’un sommeil si profond que sur la pointe des pieds je suis sortie de votre chambre. Non sans avoir, à tâtons, dans l’obscurité ramassée les vêtements que nous avions éparpillés hier soir.

Je suis sortie de votre lit, mais je ne voulais pas sortir de chez vous sans vous laisser un petit mot. Je m’aperçois que depuis le début de cette lettre, je vous dis vous, sans réfléchir. C’est de cette façon que j’ai envie de m’adresser à vous. Pas pour mettre une distance, ou marquer une « hiérarchie », mais parce que cela m’est naturel. Que je trouve plus élégant. Et puis hier soir, vous aussi, en m’abordant dans ce bar où je noyais mon cafard dans des verres d’alcool, vous m’avez voussoyez, vouvoyez, je ne sais pas comment dire. Quoi qu’il en soit, quand vous m’avez rejoint au fond de cette salle où tous nos collègues buvaient et parlaient fort pour fêter le début du week-end, le peu que nous nous sommes parlé, nous avons employés le vous. Pourquoi changer juste parce que nous avons passé la nuit ensemble ? Juste parce que nous avons fait l’amour.

Nous avons peu parlé avant de partir, de quitter ce bar sans nous soucier des regards des autres. Ils devaient baver en nous voyant passer devant eux, vous et moi, main dans la main. Vous ouvrant la voie à travers la foule, la fendant avec assurance, moi vous suivant encore toute étonnée, toute émue d’avoir osé vous suivre.

Si je prends le temps, alors que vous dormez pas si loin de moi, d’écrire ces mots que vous lirez une fois que je serais partie, si je prends le temps alors que je suis attendue, de vous écrire c’est parce que je veux expliquer ce geste, ce mouvement, cet élan soudain qui m’a fait vous embrasser quand vous avez pris place à côté de moi dans ce bar où j’espérais m’abrutir d’alcool.

Il y avait l’alcool, bien sûr. Il joue un rôle, mais je sais que je n’étais pas assez saoule pour ne plus me contrôler si subitement, sans préavis, je me suis jetée sur vous pour vous embrasser c’est par ce que depuis longtemps j’en avais envie. Je sais que cela peut vous surprendre de ma part. Moi, la discrète secrétaire, bien sage, celle qui traverse la vie sans faire de vague. Je sais combien il doit être difficile d’imaginer que j’ai pu avoir ce genre de pensée, et pourtant. Vous dirais-je ce que j’ai fait le soir dans mon grand lit vide en pensant à vous ?

Cela ne m’est pas venu d’un coup. Avant que mon mec me trompe et que je le mette à la porte, si, par hasard, au détour d’un couloir, nous nous croisions, jamais ne me venait l’idée que je pourrais, un jour, poser mes lèvres sur les vôtres, glisser ma langue dans votre bouche, passer mes mains sur votre peau. Il a fallu vos mots de réconfort après ma rupture, quand, alors que je cachais aux autres ma douleur, ma souffrance, vous avez su voir au-delà du masque. Vos mots, vos gestes, la façon que vous aviez de sourire, de m’adresser un clin d’oeil, de poser votre main sur mon épaule quand j’en avais besoin. C’st dans ces mots, dans ces gestes qu’est née mon envie, mon désir. Dans votre gentillesse. Dans votre tendresse. Dans tout ce que j’ai pris pour des signes de votre désir à vous.

Je ne me suis pas trompée puisque vous ne m’avez pas repoussé quand mes lèvres se sont posées sur les vôtres. Vous m’avez rendue mon baiser. Y mettant plus de fougue. C’est vous qui, sans que j’oppose beaucoup de résistance, avec fougue, avez franchi le barrage de mes lèvres en glissant votre langue dans ma bouche, pour l’enrouler autour de la mienne. Puis après ce baiser d’une rare sensualité, vous m’avez pris par la main pour me conduire jusque chez vous.

Jamais avant vous je n’avais ressenti cette forme de désir, ni cette excitation en marchant avec vous, main dans la main, comme si nous étions déjà un couple alors que nous venions juste de nous embrasser pour la première fois et que nous ne nous étions parlé que quelques minutes en tout et pour tout. J’ai aimé qu’il n’y ait, après le baiser, plus une seule parole. Que tout se passe de façon naturelle.

J’ai aimé vos gestes tendres, doux, la façon dont vous m’avez déshabillé alors que vous comme moi brûlions de désir. Vous avez pris le temps, pris votre temps. Me retrouver nue devant vous a donc été moins brutal que je ne l’aurai cru, que je ne l’avais craint.

J’ai aimé vos lèvres sur ma peau, vos mains sur mes seins, sur mes fesses, sur mon sexe dégoulinait d’envie, dans mon sexe ouvert.

J’ai aimé la façon dont vous m’avez fait l’amour. Cette sensualité inédite, inouïe. Cette façon subtile de me faire l’amour, d’être à l’écoute de mon corps, de la moindre vibration, du moindre spasme. Cette façon que vous avez eu de faire monter le plaisir jusqu’à la limite de l’orgasme, puis de stopper vos assauts, vos caresses, de jouer avec cette frustration à men rendre folle.

Jamais de ma vie je n’avais eu une telle jouissance. Jamais de ma vie je n’avais pleuré en jouissant. Ce plaisir je vous le dois et un jour je vous le rendrais comme il se doit.

Je m’aperçois que le jour se lève. J’ai écrit longtemps, plus longtemps que je ne l’aurais cru. Comme hier dans vos bras je n’ai pas vu le temps passer.

Je vous quitte, pour le moment. À contrecœur. Vos mains, vos lèvres, votre peau, tout votre corps me manquent déjà. Et me manqueront jusqu’à ce que nous nous retrouvions.


2 Commentaires sur The Morning after

  1. M.

    Avant quand je te disais : « A quand la suite ? » … tu me répondais sentencieusement « le jeudi comme toujours » … là ça commence à faire un bout de temps … :)

    • Arnaud

      Je sais, il n’y a pas eu de texte cette semaine. Désolé. Manque de temps. D’inspiration. Mais je n’abandonne pas. Bientôt pas une suite mais autre chose à lire.

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