Troubles (épisode 2)

Troubles (épisode 2)

Une fois dans ma chambre, je repensais à mon attitude. Étais-je à ce point désespéré que je me sois mis à fantasmer sur la copine de mon neveu ? Étais-je déjà devenu un pervers qui rêve de filles dix ans plus jeunes que lui. Pour calmer mon trouble, j’ouvrais mon portable, et reprenais la traduction sur laquelle je travaillais, mais, très vite, sans que je m’en rende compte, mon esprit se mit à vagabonder, à franchir le mur qui me séparait de la chambre de Frederic et Juliette. Mes doigts suivant mon esprit, ils se mirent à pianoter sur le clavier, et à retranscrire mes pensées. Et son corps pâle s’allongea sur les draps gris du lit. Ses petits seins fermes pointaient. Ses cheveux ambre en auréole. Tout en elle invitait à l’amour. Ses taches de rousseur constellant son corps parfait étaient autant d’étoiles dans un ciel offert à mes yeux seuls. Je la désirais. Je la voulais. Elle me fit signe d’attendre. De rester assis sur cette chaise inconfortable. De rester à distance. De rester à la regarder. J’obéissais de bonne grâce. Pouvais-je espérer plus beau spectacle que celui de cette femme nue. De cette femme m’attendant. De cette femme m’aimant.

Je m’éloignais de mon portable. Regardais les lignes que je venais, presqu’inconsciemment d’écrire. Je bandais. Bien sûr que je bandais. Comment pouvait-il en être autrement ? J’effaçais mes écrits. Me couchais, et attendis que le sommeil vienne calmer mon excitation.

Je dormis du sommeil du juste. Échappant au rêve érotique qui aurait pu, honte sur moi, souiller mes draps. Je me levais dans la maison endormie. Après avoir bu un café, je sortis pour acheter pain et croissant. La pluie avait cessé. Le ciel s’était dégagé. Le froid était toujours là. À peine 1 petit degré. Rentrant par les rues vides, mes baguettes sous le bras, mon pochon de croissant a la main, je repense à la soirée de la veille. Il fallait que j’arrive à dépasser ce souvenir érotique de mes premières étreintes, et que je ne voie en Juliette rien d’autre que l’amie de mon neveu.

C’est, manque de chance, elle qui m’attend quand je rentre. Dans l’insouciance de sa jeunesse. Dans l’arrogance de sa jeunesse, elle m’accueille vêtue de peu, nuisette et mini short. Elle a rassemblé ses longs cheveux en tresse. Pas entièrement réveillée, elle garde des gouttes de sommeils dans les yeux. Ils se mettent à briller quand je pose les croissants frais sur la table. Je lui demande si elle veut un café. Glisse une capsule de ristretto dans la machine. Attends que la tasse se remplisse. M’en fait couler un, et la rejoint. Nous restons dans la cuisine en silence. J’attends que le reste de la maisonnée se réveille et me délivre des envies que j’ai du mal à contenir.

De retour dans ma chambre, après avoir pris une douche, je réfléchissais sur ces émotions, ces envies qui m’avaient assailli depuis la veille. Certes Juliette était une belle jeune femme. Certes depuis ma séparation avec ma femme, et même avant cela, ma vie sexuelle était proche du néant. Mais jamais avant, en dehors de fugaces pulsions, je n’avais eu ce genre de désir. Ce matin, alors qu’elle avalait son petit déjeuner, j’aurais pu me jeter sur elle, lui arrache sa nuisette, embrasser ses seins, lécher son ventre, et plus encore. Il me fallut du temps pour calmer l’érection qui déformait mon pantalon.

Quand je sortis de ma chambre, sans avoir trouvé de réponses à mes questions, Frederic et Juliette étaient partis faire une promenade matinale, Isabelle préparait le repas de midi et Éric était pendu au téléphone parlant boulot. À la demande de ma belle-sœur, je partis faire quelques courses avant que l’épicerie ne ferme. Le pâle soleil de février arrivait à peine à me réchauffer. Lesté de mes sacs de courses, je flânais sur le front de mer. Le vent me foutait le visage. Sur la plage je vis mon neveu marcher main dans la main avec Juliette. Elle portait le même long manteau que la veille au soir, une grande écharpe de laine blanche et un bonnet assorti. Ses longs cheveux roux flottaient au vent d’hiver. Je la regardais s’avancer sur la plage, sur le sable.

À suivre…


1 Commentaire sur Troubles (épisode 2)

  1. La nostalgie, la découverte, l’inconnu, peuvent-il manquer cruellement, au point de faire « perdre la tête » ? :)
    J’aime beaucoup le contraste entre le chaud et le froid, le présent et les souvenirs.

    (Ceci dit… 10 ans d’écart, ça reste raisonnable, non ? Moi, ça ne me choque pas. Je pourrais tomber sous le charme d’un homme de 15 ans mon ainé…)

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